vendredi 11 mars 2016

Sur mes pas en danse: Touché par "Les choses dernières"

Avant que la représentation commence, de Lucie Grégoire, je ne me souvenais que de son nom, mais pas vraiment de ces oeuvres que j'avais déjà vu d'elle. Une fois que les lumières se soient éteintes dans la salle et allumées sur la scène, les premiers mouvements montrés ont déclenché en moi des souvenirs émotifs forts. Je ressentais de nouveau les moments vécus de "Ciel et Cendres", et pourtant, c'était il y a presque deux ans. Le contact a été instantané et les pas montrés ont fait remonter la trace profonde de cette rencontre précédente, laissée en moi.

Tout au long des moments qui ont suivi, je dirais que j'ai vécu la représentation de "Les choses dernières", plus que j'y ai assisté. Une oeuvre en trois temps, de cette femme "avant" qui peu à peu s'éloigne rapidement de moi pour devenir cette femme "maintenant" occupant frénétiquement ce territoire, semblant passer du désespoir à l'espoir. Nous pouvons apprécier tout le talent de la chorégraphe pour l'utilisation des oppositions. Le tout se terminant par sa transformation après la représentation en cette femme "d'après", qui  m'habite (et habitera nombreux spectateurs, j'en suis convaincu) encore plusieurs heures après la fin de la représentation. Dans le feuillet de ce spectacle, on peut lire "Une femme émerge de la nuit comme d'un territoire caché, obscur./Son corps demeure, fugitif à la limite de la transparence." C'est effectivement, ce que j'ai ressenti, soit un corps, une femme, qui a occupé une place dans mon esprit.

Pour produire cet effet sur moi, une grande interprète Isabelle Poirier, totalement investie dans son personnage et les mouvements de la chorégraphe Lucie Grégoire. Pour en amplifier la perception, une scène nue avec très peu d'artifices techniques, sinon des éclairages, (nommé peinture scénique dans le feuillet), de Hélène Lussier, recréé par Angela Rassenti et une musique en parfaite symbiose avec le propos de Robert M. Lepage.

 De ces allers retours frénétiques, en entrée de jeu, jusqu'à la finale, nous sommes des captifs captivés des états de corps exprimés. Pourra-t-elle s'échapper de l'oubli, de notre oubli ?

Une oeuvre qui marque et qui rappelle aussi que dans notre passé chorégraphique, de très belles oeuvres doivent être re-créées ou à tout le moins représentées. Après "Bagne", plus tôt cette saison, "Les choses dernières" en est un autre très bel exemple et pour cela, un gros merci aussi à l'équipe de l'Agora de la danse.

                                         Photo: Angelo Barsetti


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