mardi 29 novembre 2016

Sur mes pas en danse: Quand Concordia devient ma destination

Tout au loin, à l'ouest du boulevard St-Laurent, mes pas m'ont amené à l'Université Concordia, plus précisément à la Leonard & Bina Ellen Art Gallery, pour assister à une prestation de danse dans le cadre de l'exposition "-I'd rather something ambiguous. Mais précis à la fois". Allez à une prestation de danse présentée dans une galerie d'art à 17h00, un jour de semaine, admettez, cela suscite la curiosité, sans oublier le titre intrigant. Moi, à pied d'oeuvre depuis 7h00 le matin, le pied se faisait ambigu, mais précis aussi et surtout déterminé pour découvrir ce que Marie-Claire Forté et Alanna Kraaijefeld me proposeraient.

                                Photo tirée du site de la Galerie

C'est dans une grande salle ouverte dela gallerie que j'attend avec en face de moi un espace entouré par des tissus bruns semi-transparents au suivi non symétrique, attachés à des poteaux de métal, fixés sur une base de bois. Le moment arrive et les deux interprètes se présentent de vêtements bruns habillés. Nous, soit une dizaine de personnes, sommes invités à nous déplacer durant la prestation, sinon nous pourrons prendre place sur une chaise. Le début de la prestation a tout de la quiétude et du lâché prise. Sur fond d'un léger filet musical, elles mettent bout à bout, un répertoire chorégraphique de Merce Cunningham jusqu'à Michael Jackson, en passant par plus d'une trentaine de chorégraphes dont Trisha Brown, Dana Michel et Pina Bausch. Elles le font ensemble, très souvent synchronisées, avec des variations de rythmes, maintien d'effort, utilisant abondamment les gestes de bras, fort accrocheurs. Acceptant l'invitation de me déplacer, j'ai pu apprécier un beau moment de pur esthétisme. De ma nouvelle position, il y a Marie-Claire, que je peut voir complètement derrière le tissu semi-tranparent et Alanna, juste à côté, dont seulement le milieu du corps se fait voir derrière la bande de tissu. Elles évoluent côte à côte, mais avec une perspective différente pour le spectateur. Et juste moi, qui là qui le voit. Je me sens privilégié et comblé, mais malheureusement le photographe n'est pas là pour capter ces images, comme le fait ma rétine et ma mémoire.

De ce lacher prise du départ, s'en est suivi une succession de prises en main et lachers prise, avec un tableau dans lequel les cheveux sont laissés lousses. Quarante minutes qui nous font oublier que mardi est en plein milieu d'une semaine de travail. Mais le temps a passé, les gestes, tout comme la musique, sont devenus souvenirs et je reviens sur mes pas parce qu'après mardi, il y a mercredi et qu'il faut s'y préparer.

Curieux de découvrir par vous même, pas de problème, cette prestation sera reprise quatre autres fois, soit le samedi 3 décembre à 17h00, le samedi 10 décembre à 16h00, le mardi 13 décembre à 17h00 et le jeudi 15 décembre à 17h00. C'est au centre ville, c'est vrai, mais en métro, il faut juste sortir à la station Guy-Concordia et faire quelques pas à l'intérieur, en suivant les indications, jusqu'à la Galerie. Voici le lien: http://ellengallery.concordia.ca/?page_id=26. Et si vous y allez, arrivez plus tôt et profitez en pour découvrir les autres oeuvres, ce que moi j'ai fait avec curiosité et intérêt.

samedi 26 novembre 2016

Sur mes pas en danse: "J'ai rasé mes jambes six fois and no sex happened" et je n'ai pas été déçu, oh non !

C'était, il y a un peu plus de deux ans, à une "Passerelle" de l'UQAM, j'étais dans la salle et il m'était présenté une oeuvre au titre ambigue, "J'ai rasé mes jambes six fois and no sex happened" d'un chorégraphe que je découvrais pour la première fois. Mes impressions de l'époque, je vous les indique ici en préambule: Enfin, "J'ai rasé mes jambes six fois and no sex happend" de Philippe Dandonneau avec Sébastien Provencher et Claudia Chan Tak ne laisse pas indifférent. De ce moment présenté par rounds, j'en retiens surtout le propos provocant plutôt que les gestes qui l'ont illustré. Voilà des jeunes qui ont des choses à dire et qui ont une audace sans borne. Me faire brasser comme spectateur, j'aime beaucoup."

C'était, je vous le rappelle, il y a deux ans et depuis, le trio "infernal" a poursuivi son chemin de création et il nous présentait une oeuvre toujours aussi audacieuse, provocante et aussi menaçante, mais pour ce dernier qualificatif ambigu (à l'image du propos de l'oeuvre), j'y reviendrai plus loin. Et pour ce faire, si les éléments de base d'antant sont restés bien présents (j'en avais surtout retenus les scènes de combat), d'autres se sont ajoutés et le personnage féminin a pris une plus grande place bien méritée, totalement et parfaitement assumée par Claudia Chan Tak.


                                          Photo Gabriel Germain

Donc, mes pas m'ont amené dans ce lieu, Le Théâtre La Chapelle, qui m'a permis tout au cours des dernières années de découvrir des oeuvres dont l'audace, à défaut de repousser les limites pour illustrer leur propos, faisaient mieux, comme pour cette oeuvre, en les redéfinissant ou en les brouillant.

Et voilà pourquoi en quelques exemples !

Le tout a débuté sur fond de chants d'oiseaux en début de matinée avec deux hommes qui se présentent, l'un imberbe et à la chevelure longue et l'autre aux cheveux rasés et à la barbe bien fournie. Ils seront rejoints par une femme aux vêtements éclatants et au verbe affirmé. Tout au long des différents tableaux présentés en quatre rounds, j'ai pu voir deux hommes aux vêtements et personnalités très variables et souvent contradictoires, une femme, comme le fait "l'Homme", "pisse" tout à la ronde pour établir son territoire, d'un air affirmé. Aussi, déterminé à la cause, un Don Quichotte à la hache sans peur, incarné par Sébastien Provencher qui avait intérêt à conserver l'objet bien en main. "Mosus !" que de mon siège en première rangée, j'ai eu peur, mais vraiment peur, au point de vouloir quitter. Il y a aussi ce tableau durant lequel, nos conceptions simplistes et  "fleur bleue" sur fond de gazon si vert (celui du voisin, sûrement), sont rapidement soufflées comme la vie souvent nous le fait avec nos conceptions. Si la trame musicale était particulièrement réussie, c'est un moment de danse sur fond de bruit de scie à chaîne en pleine action qui m'a le plus touché. Un moment fort de la soirée pour moi. Aussi, nous avons droit à un duo de couple sur fond "c'est pathétique". Il y aura aussi ce tableau d'affrontement qui laisse là, en plan une cuisse de poulet tristement abandonnée. Il y aura aussi ce tableau durant lequel les deux hommes s'exhibent sans pudeur, ce qui me rappelait un tableau tout aussi interpellant de "Warning" de Mandala Situ chorégraphié par Dave St-Pierre. Enfin, le tout se termine avec une scène de rasage avec Philippe Dandonneau et évidemment "No sex happened" !!!

Au final, une oeuvre "folle" qui fait éclater les conceptions faciles sur les hommes et les femmes avec une série de symboles tout aussi intéressants à découvrir qu'à interpréter. Et s'il y a deux ans, j'en avais surtout retenu le propos, cette fois, les gestes m'ont frappé fort aussi. De quoi dépeigner, à défaut de les raser, les plis bien droits de certaines certitudes que nous pourrions avoir de ce qu'est un homme et de ce qu'est une femme.

Impossible de ne pas ajouter qu'il y avait un peu de moi dans ce spectacle, mais cette si petite contribution a été soulignée dans le feuillet du spectacle, merci gang !

jeudi 24 novembre 2016

Sur mes pas en danse: "À la douleur que j'ai" sur différents tons

N'ayons pas peur des mots, c'est vers la première d'une première mondiale que mes pas se sont dirigés à l'Usine C (en collaboration avec L'Agora de la Danse). Une oeuvre attendue pour laquelle la foule était nombreuse et la salle "ben pleine". Les lumières étaient encore allumées, lorsque sans crier gare, les six interprètes (Isabelle Arcand, Sophie Breton, Claudine Hébert, Chi Long, Milan Panet-Gigon et Peter Troztmer)  se sont amenés devant nous. Rapidement, parleurs et distraits se sont faits silencieux et attentifs. "À la douleur que j'ai" de Virginie Brunelle débutait sur une pose de photo de famille avec un, assis sur une chaise et les autres tout autour. Que l'on ait lu ou pas le feuillet de la soirée, le thème était annoncé, et il m'était évident que je découvrirais des histoires de famille. Une famille qui tentera de maintenir, à tout prix, les apparences. De cette photo qui fait la première page du feuillet, je serais tenté de dire que cette famille, tout en gestes, porte un "toast" "À la douleur que j'ai" d'en faire parti et d'en célébrer à sa façon son humanité évanescente. Cette sensation semble en accord avec l'intention de la chorégraphe qui associe la douleur avec la nostalgie. Comment maintenir un sentiment ou une sensation, malgré le passage du temps, voilà ce que j'ai pu voir, décliné sur différents tons et mouvements durant les différents tableaux de cette oeuvre. Peut-être que j'ai trop d'imagination, mais de ce qui m'était présenté, j'y retrouvais mes propres expériences familiales passées. Des relations entre deux, observées par les autres ou des tentatives de fuir de l'un contrées par tous les autres, parce qu'une famille, "c'est tissé serrée" !

                                          Photo: Mathieu Doyon

Grand plaisir, j'ai eu, avec la gestuelle caractéristique et épurée de la chorégraphe qui me rejoint particulièrement et dans laquelle j'y voyais l'essentiel des choses exprimées et aussi, presque les pointes (du passé) dans certains tableaux.  Il y a aussi ce tableau du duo qui s'éloigne avec une assymétrie synchronisée qui m'a tout à fait captivé. Il y a ce rythme effréné et cette utilisation de l'ombre pendant que se joue sous un projecteur une joute entre deux protagonistes.

Depuis ses premières oeuvres que j'ai vu d'elle, Virginie Brunelle, il me semble qu'elle délaisse peu à peu cette force brute pour une autre plus simple mais tout aussi puissante pour illustrer son propos toujours aussi pertinent et qui sait viser le vif de la chose.

Peu de soirées encore pour s'y rendre, mais j'en suis certain, ce ne seront pas les seules représentations. Restez à l'affût pour vous y rendre et pour moi m'y rendre de nouveau.


dimanche 20 novembre 2016

Sur mes pas en musique: Jacques Michel, "Un nouveau jour" pour lui et une soirée nostalgique pour nous

L'histoire de cette sortie "chansons" débute par "je te dépanne" pour l'une et "je te fais plaisir" pour l'autre. Peu importe les tenants ou les aboutissants de cette histoire, mes pas (et ma Prius) m'ont amené à la salle Pauline Julien dans l'extrémité ouest de l'île de Montréal pour assister au tour de chant de Jacques Michel. Pour ceux et celles qui ne le connaîtraient pas, il serait utile d'indiquer qu'il a été un chanteur "populaire" au Québec, mais aussi outre-Atlantique de 1967 à 1983. Un drame personnel (le décès de sa femme) l'éloignera un peu plus tard de la scène musicale jusqu'à son retour, l'an dernier. Il n'est pas nécessaire d'être fort en mathématiques pour savoir que plus de trente ans, c'est long. Il en reste que la salle était pleine pour réécouter ses succès d'autrefois et nous en étions.

                                         Photo tirée du site d'Audiogram

Revenons quelques instants sur les souvenirs que j'avais de ce chanteur. Il était pour moi, l'auteur de chansons optimistes et trop populaires dont "Sur un dinosaure", loin de mes intérêts musicaux plus "heavy" ou "intello" de cette époque adolescent-boutonneux. De façon surprenante, pour ma blonde, il était, de ses souvenirs, un chanteur engagé, dédié à la cause souverainiste. Assez tôt, durant son tour de chant de plus d'une vingtaine de chansons et plus de deux heures de présence sur scène, le chanteur de soixante-quinze ans, maintenant, s'est révélé un chanteur engagé, encore aujourd'hui, nouvelles compositions à l'appui. Comme quoi, les années peuvent altérer les souvenirs.

Accompagné par deux frères Savard (Yves et Marco) guitaristes, il nous propose un retour dans le temps avec ces oeuvres réarrangées, sur un ton intimiste et surtout très sympathique. Une phrase de son feuillet, remis à la sortie, me rejoint très personnellement et je vous la partage, "Il y a en moi un gamin qui demande encore à s'amuser et j'ai choisi de le laisser faire." Il est impossible de le contredire en sortant de la salle. Moi qui ne me rappelait que "Sur un dinosaure", les chansons "Un nouveau jour va se lever", "Chacun son refrain", "Rose chair de femme" ou "Qui n'a pas besoin d'un amour/Qui n'a pas besoin d'un ami.", "Amène-toi chez nous" et "Pas besoin de frapper", j'ai pu les chantonner avec tous les psectateurs autour. Des chansons écrites, voilà une quarantaine d'années et dont plusieurs résonnent encore actuelles avec de nouveaux arrangements. Il nous propose aussi de toutes nouvelles compositions qui ont les mêmes couleurs et le même message d'antan.

Pour en découvrir deux, en voici les liens et vous pourrez comprendre.

https://www.youtube.com/watch?v=xwIgQpJQWRk  ("Amène-toi chez nous")

https://www.youtube.com/watch?v=qJrAFQK1-X0 ("Un nouveau jour va se lever")

Pour moi, que le nombre d'années accumulées fait un peu, sinon pas mal frémir, il m'a permis d'espérer que peu importe l'âge, "Un nouveau jour va se lever" et ensoleillé et plein d'espoir peut-il être.




jeudi 17 novembre 2016

Sur mes pas en danse: "Solitudes duo", un vivre ensemble percutant

Grrrr, parce que j'ai trop peu de temps pour profiter pleinement des propositions nombreuses, intéressantes et gratuites de cette édition du Off-Cinars. Trop peu, sinon pas du tout de temps, sauf pour une proposition, soit "Solitudes duo" de Daniel Léveillé. Ainsi donc, mes pas m'ont amené à la Maison de Culture Frontenac et malgré que je sois arrivé dans la file près de trente minutes avant le début de la présentation, la porte de la salle était loin. Public bigarré pour cette présentation, composé d'habitués des spectacles gratuits des Maisons de la Culture et de professionnels du milieu et moi évidemment ! Par conséquent, j'ai été amusé par ce commentaire, juste à côté de moi, "il y a pas mal de monde ce soir". J'ai été tenté de répondre, mais madame, c'est "à du Daniel Léveillé que vous aurez droit !", mais je me suis retenu.

                               Photo : Denis Farley

Ce spectacle, je l'avais déjà vu (au FTA 2015), mais de ce chorégraphe, je suis en pleine découverte et apprivoisement. L'univers Léveillé est particulier, exigeant et d'apparence froide et très technique. De la première fois, j'avais écrit "Les six tableaux nous présentent des duos dont il semble facile de comprendre la relation entre les protagonistes. La trame musicale passe du classique au rock (The Doors) sans que cela ne brise le rythme de l'oeuvre. En résumé, pour l'amateur de danse que je suis, j'ai bien apprécié cette oeuvre de danse sans artifices, enrobée d'éclairages nuancés et colorée de musiques contrastées." Cette reprise avec les mêmes interprètes à la création (Mathieu Campeau, Elle Furey, Esther Daudette, Justin Gionet, Emmanuel Proulx et Simon Renaud) sauf Brianna Lombardo (dédiée à la maternité), me permettait un regard averti, mais aussi plus aiguisé (selon moi) sur cette oeuvre. Les détails se révèlent et les gestes en apparence froids et distants deviennent plus aisément, une allégorie des relations humaines entre deux personnes quelqu'en soit le sexe. Que ces deux hommes soit en compétition ou en relation, qu'entre cette femme et cet homme, il y ait "I want you/I want you so bad" ou pas, le regard, en apparence froid et sans artifices, du chorégraphe permet, tel un microscope, d'en voir plus et d'en révéler les détails.

Impossible de ne pas remarquer que pour les interprètes, les mouvements sont extrêmes et exigeants. Et comme le feuillet, fort instructif, l'indique, "Les couples de la pièce exposent dans toute leur complexité les états mouvants de l'amour et de la relation à l'autre." 

Prochain rendez-vous avec ce chorégraphe, en décembre au Théâtre La Chapelle et promis, j'y reviendrai ici !




mercredi 16 novembre 2016

Sur mes pas en danse: Entraîné et captivé par "Fractals of you"

À cette première soirée de "Fractals of you", mes pas m'ont amené à la Cinquième Salle de la Place des Arts. Et dans cette salle, la foule assez diversifiée, assez jeune, pas celle habituelle de Danse Danse, mais surtout pas, assez nombreuse, selon moi, pour la qualité de la proposition qui devrait nous être présentée. Proposition audacieuse de Danse Danse qui met de l'avant le duo Tentacle Tribe, Emmanuelle Lê Phan et Elon Höglun, dont les premiers pas en danse ont été dans le "street dance". Ayant bivouaqué dans le RUBBERBANDDance Group, mais aussi dans une production du Cirque du Soleil ("The Beatles LOVE), ils fondent leur propre compagnie. Ayant de bons souvenirs de "Nobody Likes a Pixelated Squid", je n'ai eu aucune hésitation à me procurer mon billet. Et j'ai pleinement apprécié ma soirée.

                                          Photo tirée du site de Danse Danse

Les deux artistes ont sorti la danse de la "street" pour l'amener dans un dimension autre, mathémathique, mais surtout poétique et contemporaine. Pour cela, ils utilisent, de façon fort ingénieuse les technologies de projection, pour nous proposer un propos chorégraphique qui se décline sur différents tons. Le tout débute sur leur rencontre dans deux univers parallèles séparés par une toile sur laquelle nous pourrons découvrir des projections. Partis en mission, avant l'affrontement et jusqu'à la conclusion, ils provoqueront les images projetées par leur gestes, mais aussi l'inverse, réagiront à celles projetés. Armés de leur imperméable, ils défieront les perspectives et comme l'indique avec justesse le feuillet de la soirée, cette oeuvre "éveille les sens, invite à une rêverie jouissive et entraîne le spectateur dans ses territoires intérieurs" qui semble être aussi ceux des personnages devant nous. Nous pouvons vivre, par procuration, leurs états d'être qui sont même projetés sur leurs corps.

Une oeuvre poétique qui n'a pas rejoint tous les spectateurs, dont un qui a quitté, du milieu de sa rangée, en plein milieu de la représentation !!!! Une oeuvre qui se devait d'être vu d'en haut, parce que de plus bas, les mouvements, au sol pouvaient échapper à la vue du spectateur de certaines rangées. Au final, une oeuvre qui proposait un heureux et habile amalgame de danse et de technologie par deux interprètes fort talentueux et de leur équipe. Après les pixels et les fractals, je suis bien curieux de savoir vers quels territoires poético-technologiques, ils nous amèneront dans le futur.

samedi 12 novembre 2016

Sur mes pas en danse:sur une Passerelle tout en dualité

Mon premier rendez-vous avec la Passerelle, je l'avais raté, mais pour la deuxième de la saison, j'y étais. Mes pas m'ont donc amené vers la rue Cherrier, mais dans une autre salle que la "Piscine" habituelle. Juste plus haut, le K-1150, celle qui accueillait Tangente, il y a de cela une éternité, il me semble.

Mais revenons au propos de ce texte soit la présentation des premiers pas en création d'étudiantes et étudiants en danse, mais pas seulement. Sur ce dernier point, j'y reviendrai dans le paragraphe de la première oeuvre. Pour cette soirée, c'est le thème de la dualité qui s'imposé à moi après avoir vu et apprécié les oeuvres et d'avoir écouté la période d'échanges après.

La dualité absence/présence en entrée de jeu, compte-tenu qu'une des oeuvres annoncées n'a pas pu être présentée, une blessure ayant changé les plans. Charles-Alexandre Lévesque dans une très belle et complète présentation de la soirée nous indique qu'elle sera reportée à la prochaine (2 au 4 décembre prochain).

Le temps est venu de découvrir les mouvements qui seront présentés derrière les sculptures (de Michaëlle Sergile et Gabrielle Morin) qui sont là devant la scène, encore une dualité annoncée, soit statique/dynamique pour la pièce "Corpuscule" d'Alexia Quintin qui l'interprétera accompagnée par Alice Blanchet-Gavouyère et Kali Trudel. Corpuscule lumineux comme pour photon et de sa dualité complémentaire onde/particule. Effet amplifié par la projection en arrière scène de projections vidéo fort bien réussies de Thomas Vibert. Cette interaction entre les différents média, sculpture/musique/projection avec les mouvements des interprètes était intéressante et plaisante à regarder. Se faire entretenir de physique optique, pour moi plutôt amateur de chimie, a été très agréable. Pour faire écho à un commentaire entendu en discussion d'après présentation, je serais tenté d'appuyer la proposition de mieux intégrer les sculptures dans l'espace de danse. Un peu de travail pour cette grosse équipe de création, mais elle me semble capable de faire progresser cette oeuvre prometteuse.

Deuxième partie, "La peur, l'amour, stupeur, tambour" de et avec Giverny Welsh accompagnée d'Adam Provencher. Cette fois la dualité s'exprime par la transformation de la vulnérabilité des créateurs en des gestes pour les exorciser et en faire des forces. Comme la peur de tomber ou d'avoir le coeur à vif peuvent se transformer en objet de création. Autre défi, relevé selon moi, comment conserver intact cette vulnéabilité sur scène après des heures à l'exprimer et l'apprivoiser ! Nous aurons droit à la discussion à une belle et éclairante explication de la chorégraphe. Je dois avouer que j'ai eu un coup de coeur par la fougue et la transparence de ses propos. Comme elle l'écrit dans le feuillet de la soirée, moi aussi, j'ai eu un "Boom of love".

Troisième partie, "Parking" de Marie-Pier Laforge Bourret accompagnée à l'interprétation par Frédérique Savoie et Natacha Viau. Bon, je ne sais pas pour vous, mais le titre à première vue semble un peu beige, mais cette impression serait fausse. Encore une fois, il illustre bien la dualité de présence/absence. L'amorce de ce projet (dixit le feuillet de la soirée) est la destruction de la maison de sa grand-mère pour faire place à un parking "jamais utilisé"! Un cratère dans une vie familiale que la chorégraphe comblera par des gestes inspirés de la vie quotidienne de cette grand-mère. Que peut-on faire pour tenter de refermer une plaie, sinon utiliser du fils. Et bien c'est exactement ce qui nous est proposé dans une série de tableaux. À défaut de pouvoir revenir dans le temps, la cicatrice sera tolérable et permet comme la chorégraphe l'indique, nous explorons des manières de "ré-habiter" la maison sur l'espace scénique.  Quelle belle sagesse exprimée !!!

Encore une fois, une belle Passerelle qui me permet de dire que mon agenda devrait se remplir dans les prochaines années.

vendredi 11 novembre 2016

Sur mes pas en danse: "Au delà du regard", mais vraiment !!!!

Si la fin de mon titre vous laisse quelque peu intrigué, je vous rassure en entrée de jeu, cette soirée a comblé mon appétit de spectateur de danse contemporaine. Le "mais vraiment" ayant la signification d'un titre qui vise tout à fait juste, surtout si on ajoute le sous-titre "surprising audiences".

Par conséquent, tenter de décrire ce que le spectateur aura la chance et le plaisir de découvrir dans cette soirée, sans en dévoiler les principaux éléments relève du défi comme de résoudre la quadrature du cercle. Mais à défaut de le résoudre, je me permettrai d'y apporter des touches de descriptions qui ne remplaceront pas le plaisir d'y être.

Ainsi donc, pour cet avant-dernier programme au Monument-National, Tangente présente un beau programme en apparence éclaté, mais qui au final avait une certaine uniformité.

En entrée de jeu, "The only reason I exist is you, also why dogs are successful on stage" de Maria Kefirova. Accompagnée "sur scène" par Karen Fennell, Kelly Keenan et Sara Hanley, elle nous propose une réflexion sur la notion de distance et de position et aussi de perspective. Après une introduction verbale avec son accent fort agréable, nous sommes invités à y mettre du nôtre et ce, de différentes façons. Intelligemment amené, ce qui suivra, captivera, amusera et qui aussi saura faire réfléchir. Les moyens utilisés sont, somme tout, modeste, mais brillants. Je dois confesser que si sa dernière proposition à Tangente, "The paradise", m'avait laissé "quelque peu" dubitatif, cette fois, j'ai été tout à fait séduit et surtout conquis par son univers cérébral. En plus, j'y ai même mis ma touche personnelle à cette oeuvre !

                                         Photo de Karen Fennell par Vivien Gaumand

Pause après des applaudissements d'une salle pleine et qui a manifestement fort bien reçu cette proposition utilisant "l'art relationnel", dixit Dena Davida.

Retour devant une scène vide avec comme seul accessoire, un micro. Nous serons présentés des "Pavlov Morceaux"  de Natacha Filiatrault, reliés par des "Radio Danses" de Gaétan Leboeuf. Ainsi donc, arrive un animateur de scène (et de foule), David Cormier (interprété par le toujours aussi pétillant David Strasbourg) avec son verbe en ébullition et son regard accéré, sans oublier son sourire moqueur. Nous aurons droit en première partie à un discours portant sur la danse contemporaine et son quatrième mur avec quelques applications pratiques pour les spectateurs. Le tout pourrait s'avérer quelque peu didactique, si ce n'était de la façon "Strasbourgienne" qui devrait plaire à tous.

                                          Photo de David Strasbourg par Julie Artacho

Présentation du premier épisode de "Radio danses" qui s'incarne sous la forme d'un objet ou d'un vieux poste de radio (selon moi). Il est désigné pour l'occasion "La machine à faire vieillir qui est brisée", qui se met à émettre les choses d'une autre époque, soit une description d'une oeuvre chorégraphique avec des interprètes "étoiles" qui pour certains font parti de de notre patrimoine culturel. Ma mémoire défaille et par conséquent, je m'excuse à tous ceux et celles qui y performaient de ne pas les nommer. Le tout est décrit par la comédienne Danièle Panneton et n'ayez crainte, vous aurez l'impression d'y être. À ce point que lorsque tous les interprètes finissent leurs prestations "tout nu", vous aurez sûrement le réflexe comme moi "de fermer les yeux". Bon OK, j'exagère un peu, parce que la nudité en danse contemporaine ne fait plus frémir, mais voyez-y une marque d'appréciation du réalisme de ces moments décrits.

                                         Photo: Gaétan Leboeuf

Retour sur scène de notre maître de cérémonie, toujours en grande forme, qui nous demande de nous mettre à la dance avec en prime, deux prix pour celui et celle qui l'impressionneront. Et, allez savoir d'où il vient, mais sur scène se retrouve un homme qui allie performance et prouesse, wow ! et il gagne un beau prix que j'aurais eu grand plaisir à avoir et à porter.

Retour de la machine et deuxième épisode de "Radio danses" tout aussi réussi et intéressant que le premier. "Reretour" de notre symphatique et électrisant animateur. La suite prend une tournure imprévue, parce que les ordres s'émoussent. Le personnage nous entraîne dans sa fuite, dévoilant ce qui se cachaient sous le vernis du personnage avec des gestes sentis et fort en émotion. Je dois avouer qu'il m'en fallait peu pour me diriger vers lui et le prendre dans mes bras pour le consoler. Sachez que la description ne vaut pas le fait de le voir là devant nous. Et lui qui nous indiquait que la danse, ce n'était pas pour lui ! Sacré comédien David, ce qu'il est vraiment d'autre part !

Au final, une superbe soirée, "signée" Dena Davida qui permet au spectateur d'aller "Au delà du regard" and to "Surprising audiences".



lundi 7 novembre 2016

Sur mes pas au cinéma: "Mal de pierres" pour un coeur tourmenté

"Parce que je voulais que tu vives", voilà une réplique qui résonnera longtemps après que le générique du film "Mal de pierres" de Nicole Garcia aura fini de défiler. Mais, comme pour le film après sa première scène énigmatique, commençons par le début.



Il y a elle, Gabrielle (Marion Cotillard qui nous présente une performance hors norme) qui, par son comportement fantasque, est une boulet pour ses parents. La sortie de secours pour ces derniers, se présente sous les traits d'un travailleur saisonnier espagnol (Alex Brendemühl, solide et impassible comme le roc). Il accepte de marier leur fille et en échange de quoi, son installation en France est assurée. Ce mariage de raison a toutes les raisons d'échouer si ce n'est de la résillence de cet homme. Le tout dérive jusqu'à ce qu'un problème de santé entraîne Gabrielle dans un centre de santé pour une cure. Elle y fait la rencontre d'un soldat blessé (Louis Garrel, vibrant d'intériorité) et le coup de foudre est instantané.

Pour la suite, il faudra aller voir cette histoire déclinée en quatre parties avec leurs nuances et leurs complémentarités.  Le tout appuyé par une trame musicale fort efficace. Nous aurons droit à des personnages troublés, angoissés dont le tourment intérieur transperce l'écran. Il arrive qu'une vie ne soit pas suffisante pour obtenir une réponse. Dans ce film, la réponse arrivera et surprendra !

Lorsque Marc-André Lussier écrit dans La Presse que c'est un des meilleurs films de la réalisatrice, je suis tout à fait d'accord avec lui.


dimanche 6 novembre 2016

Sur mes pas au cinéma: "Mademoiselle"

Après mes expéditions cinématographiques en Algérie et en France, avec "La vache", ainsi qu'au Yémen avec "Moi. Nojoom, 10 ans, divorcée", mes pas pour ma plus récente sortie au septième art se sont dirigés en Corée du Sud pour aller faire le rencontre de "Mademoiselle". Pour moi, qui suis d'une époque que ce terme était synonyme d'innocence, le réalisateur Chan-wook Park m'a quelque peu déluré. J'aurais dû m'en douter parce que pour "Oldboy" (2003), une de ses précédentes oeuvres, il m'avait quelque peu (et c'est un euphémisme !) désorienté ou m'avait plutôt mis les "points sur les i" sur le côté retord de la nature humaine.



Dans cette salle remplie à pleine capacité du Cinéma Beaubien, la projection débute, mais pas avant que l'un des spectateurs présents indique d'une voix de stentor à une connaissance rencontrée, que nous allions assister à la projection d'un film érotique. L'oeil à l'affût, je ne constate aucun malaise autour de moi. Le provocateur fait chou blanc et une fois son échec constaté, il prend place et se fait discret. C'est sur le grand écran que l'attention des spectateurs se portera et c'est mieux pour tout le monde. Sur cet érotisme, je reviendrai, mais soyez sans crainte, elle ne détournera pas l'attention de l'intrigue complexe que nous découvrirons bientôt.

Cette histoire, brillamment présentée en trois parties, dévoile (et je ne parle pas d'érotisme ici) les différents aspects d'un complot qui vous le devinerez sûrement, vise à s'accaparer de la fortune de l'autre. Trois parties qui se complètent et surtout nous gardent captifs de l'intrigue. Les personnages sont-ils ce qu'ils nous semblent ? Pas question ici de vendre la mèche et même si elle brûle lentement, le film dure près de 2 heures 30, nous la regarderons se consumer comme certaine passion présentée.

Et tout se termine comment, me demanderez-vous ? Et l'érotisme ? Je ne réponderai pas à votre première question, mais pour la deuxième, sachez qu'elle sera présentée, mais, selon moi, pas au bon moment. De toute façon, voilà une oeuvre qui mérite le déplacement.

samedi 5 novembre 2016

Sur mes pas en danse: "Corps avides" et esprits repus

Après avoir beaucoup apprécié le programme triple de la Nederlands Dans Theater, j'avais droit à un autre programme triple, celui présenté par Tangente, "Corps avides" qui se sont avérés à être trois duos ou presque, mais sur cela j'y reviendrai.

Devant un public qui remplissait la salle, nous avons eu droit d'abord à "Faille: Deux corps sur le comptoir" de Jessica Serli et avec elle et Nicolas Labelle sur scène et "pas trop loin" Annie Gagnon. Le tout commence avec les deux interprètes "branchés" et au comportement "électrique". Les mouvements sont saccadés et comme bien bien des objets sur le comptoir, soumis au courant alternatif. Captivé par elle, par lui et leurs mouvements, arrive le moment où je me demande pourquoi un duo ? Allez savoir, mais juste là, oui, oui, je vous le "jure", juste à ce moment, le tout évolue vers un vrai duo, plutôt que de deux univers parallèles présentés. Habile renversement de situation que j'apprécie beaucoup. La solitude annoncée serait-elle brisée et dans cette faille nous sommes entraînés. Pour ceux et celles qui pourraient penser que l'aspect intellectuel de l'oeuvre en colore trop l'esthétique, détrompez vous, les trente minutes, annoncés au programme, mais un peu plus selon moi, s'avèrent de beaux moments de danse. De Jessica Serli, je ne connaissais que le côté interprète, mais maintenant que j'en ai découvert le côté chorégraphe, j'en veux plus.

                                          Photo: Claudia Chan Tak

Court entracte durant lequel nous restons à nos places et assez rapidement les lumières s'éteignent dans la salle pour s'allumer sur la scène.

Ce sera un carré coloré blanc avec deux interprètes dedans. "Shudder" de et avec Louise Michel Jackson et Benaji Mohamed (Ben Fury) débute. En première partie de cette oeuvre, je retiens que rarement, j'ai été aussi captivé par autant de mouvements avec si peu de déplacements. Je scrute ces deux corps "avides" qui semblent captifs de cet espace mais sans que cela semble les contraindre. Encore une fois, juste au moment que je pense que le tout se résume à ce carré lumineux, ils se déplacent. Le spectateur est encore une fois déjoué et satisfait de l'avoir été. Louise Michel Jackson revient de Belgique et nous amène de là-bas, une oeuvre colorée et qui mérite qu'on la découvre.

                                         Photo: Clémence Jaussaume

Et troisième partie et après un entracte fort instructif (pour les intrigués de cet adjectif, voir mon texte précédent), "Untamed" de Jason Martin (Compagnie Entitey) avec Kim Henry et Jean-Benoît Labrecque (à la danse) et Étienne Paclow Vézina (à la guitare) prend possession de la scène. Une oeuvre dont la description annonce bien la suite, "Have fun ! On est là pour ça". Et du fun visuel et musical de ce trio, j'en ai eu. Sans en saisir les racines d'inspiration, je me suis laissé aller en regrettant néanmoins le peu d'interactions physiques entre les deux interprètes, d'abord, mais aussi avec le musicien. Mais encore pour cette oeuvre, j'ai été déjoué, parce que du rappel, oui oui un rappel planifié, j'ai vu des mouvements espérés, par moi, et qui en augmentaient l'amplitude festive. Comme quoi, l'avenir est porteur d'espoir. Peut-être Stéphane Labbé qu'à défaut de lire dans les feuilles de thé, c'est dans une des oeuvres que tu présentes que l'avenir s'annonce ? À suivre donc !!!

                                           Photo : Aurore Biry


Sur mes pas en danse: Prélude aux "Corps avides" !

La saison automne danse avance à grands pas et rendue à mi-chemin, mes pas à moi m'amènent pour une des dernières fois à la Salle Hydro-Québec du Monument-National avant le grand moment de la prise de possession de ce nouvel immeuble, l'Espace Wilder. Facile de ressentir la frénésie et la hâte des responsables juste avant que nous découvrions à notre tour ce lieu si longtemps espéré et demandé.

Donc, bien assis, plus au sens figuré que propre, et juste avant que nous puissions apprécier le programme triple que nous sommes venus voir, Stéphane Labbé, directeur général de Tangente, prend brièvement la parole. Lui qui d'habitude arbore un beau et grand sourire, cette fois, l'émotion semble l'inonder. D'une voix chargée d'émotion, donc, il nous invite à contribuer à la campagne de financement conjointe de son organisme, Tangente et de l'Agora de la Danse "Donnez Dansez". Il nous livre un bref mais vibrant plaidoyer et nous montre l'exemple. Bon, bon !!!! Moi qui croyait que l'avenir de la danse dans ce beau et nouveau building était garanti autant aux artistes/artisans qu'aux spectateurs de Montréal. Il semble qu'il y a quelque chose qui m'échappe. Pour une fois qu'un entracte me semble tomber à point, j'en profite pour trouver quelques réponses auprès de lui. Et une de ces réponses, semble implacable. À défaut de trouver du fric, pas mal de fric même, les prochaines saisons de Tangente, seront clairsemées et/ou les soirées assez coûteuses pour les spectateurs. Les principales victimes seraient ultimement les artistes qui se retrouveraient avec moins de chance d'être vus.

Bon OK, je comprends mieux. Les gouvernements mettent plus facilement (et les mots plus facilement devrait être remplacé par moins difficilement !) leur argent dans le contenant (les briques et le ciment), mais pas mal moins facilement dans le contenu !!!

Je regarde cela de plus près Stéphane et si vous aussi voulez le faire, voici le lien pour en apprendre plus et qui sait contribuez.

http://donnezdansez.com/





jeudi 3 novembre 2016

Sur mes pas en danse: parce que 25 ans, ça se fête !

En ce début de soirée, d'une journée bien remplie, mes pas me portent vers le M.A.I. (Montréal Arts Interculturels) qui sera le lieu de célébration du vingt-cinquième anniversaire de Sinha Danse. Cette compagnie, c'est d'abord le fait d'un homme, danseur et chorégraphe, Roger Sinha. Si mes pas m'ont amené à cet endroit c'est d'abord pour honorer une promesse à une personne qui pour l'occasion a exécuté un extrait d'une des créations de cet homme qui affirme "mes racines sont ma révolution." C'est aussi parce que mon intérêt pour la danse contemporaine est dû à la rencontre de deux de ses oeuvres qui m'avaient fait forte impression, il y a plusieurs années, dans une Maison de la Culture de Montréal. "Loha" et "Thok" étaient au programme et le coup de foudre avait été immédiat.

                                         Photo de Michael Slobodian tirée du site de la compagnie Sinha Danse

Résonne en moi, "Loha" avec les gestes des deux interprètes accompagnés sur scène par ces musiciens aux rythmes d'ailleurs. Ma curiosité pour la découverte de ces univers chorégraphiques différents vient en bonne partie de cette soirée. Si par la suite, mes pas m'ont de plus en plus souvent amené vers des oeuvres chorégraphiques de tout horizon, j'ai pu apprécier, depuis, d'autres propositions de ce chorégraphe.  Cet homme aux origines métissées, propose des moments spéciaux et particuliers colorés d'une gestuelle particulière.

Ma présence sera assez courte, puisqu'à la Place des Arts, je dois me rendre, mais suffisamment longue pour pouvoir d'abord apprécier les présentations inspirées et éclairantes de plusieurs dignitaires à propos de cet homme venu de loin qui est passé par Saskatoon et Toronto avant de s'installer ici à Montréal. Assez longtemps aussi pour pouvoir apprécier l'effort pour s'adresser à nous en français. Mais aussi assez longtemps pour tenir ma promesse et pouvoir assister dans cette salle toute intime du M.A.I. pour la présentation d'extraits d'oeuvres de son répertoire. Malheureusement, à cause de l'horaire quelque peu décalé, je ne pourrai assister qu'aux trois premiers, soit  "From a Crack in the Earth... Light !" avec Alexia Bhéreur Lagounaris (elle était de la présentation originale, il y a quelques années), "Loha" avec Natasha Bakht, aussi présente à la création de l'oeuvre et "E-Razed" avec Naomie Weibe, Samarah McRorie et Roger Sinha au "cor". Trois extraits avec des transitions habilement amenées et qui permettent, selon moi, de bien saisir l'esprit des univers chorégraphique de cet homme.

Mais le temps passe, ne recule jamais et moi, par conséquent, je pars discrètement, en saluant tout intérieurement le parcours de cet homme et en lui souhaitant tout aussi intérieurement, comme bien d'autres l'ont fait avant moi, un autre 25 ans de présence dans notre monde chorégraphique montréalais. Bravo et merci monsieur Sinha !


mercredi 2 novembre 2016

Sur mes pas en danse; une impressionnante rencontre avec la Nederlands Dans Theater

Après un début de soirée "danse" sur lequel je reviendrai, mes pas m'ont amené à la Salle Maisonneuve de la Place des Arts pour assister, en ce mardi soir, plein milieu de la semaine, à un programme triple de la renommée Nederland Danse Theater (ou NDT). Pour ma part, il y a 22 ans, lors de leur dernière visite, je n'y étais pas, mais à entendre et à lire, je savais que j'étais au bon endroit pour apprécier de la danse contemporaine. Ce progamme triple allait remplirmur à mur, ma soirée par les oeuvres, mais aussi par les entractes qui les accompagnent. Il y a un prix à payer, mais ma principale crainte était le bris de rythme que ce type de soirée peut amener, sans oublier que le lendemain matin, il faut aller travailler ! Si au final, les deux heures vingt minutes se sont étendues quelque peu, le spectateur que je suis a apprécié toute sa soirée, et voici pourquoi.

En première partie, "Sehnsucht" de Sol Leon, conseillère artistique et Paul Lightfoot, directeur artistique de la compagnie, signent cette première oeuvre.  De ce titre en allemand qui veut dire aspiration, nous en découvrons une oeuvre dont la théâtralité s'impose à nous. Il y a ce couple dans cette habitation dont les repères varient et cet autre qui a une existence parallèle et qui semble avoir une influence. Leurs univers sont-ils vraiment parallèle ? Arrive le moment que le tout s'ouvre au monde réel ou rêvé, incarné par une dizaine de danseuses et danseurs. Personnages imaginés ou réels, allez savoir, parce que le tout reviendra dans ce petit espace à deux. Une oeuvre intelligente, selon moi, qui permet une interprétation personnelle de ce qui nous est présenté. Impossible de ne pas apprécier la scénographie techniquement complexe utilisée pour cette oeuvre, soit cette pièce qui tourne. Ces deux mondes parallèles captiveront tout comme ce personnage, interprété par Prince Credell qui s'avère fascinant jusqu'à la toute fin et même un peu plus.

Applaudissements et entracte. Moment néanmoins intéressant durant lequel, nous pouvons voir sortir de scène cet être énigmatique (toujours interprété par Prince Credell) et que de ma première rangée, je peux voir sous le rideau les manoeuvres des machinistes, une quinzaine, si je sais diviser trente pieds par deux, qui libèrent la scène des décors d'avant d'installer ceux pour la prochaine.

Une fois tout les spectateurs revenus à leur place et assis, "In the event" de la canadienne Crystal Pite, nous entraîne dans un monde sombre, éclairée par des éclairs sur toile de fond difficile à décrire, mais très facile à apprécier. Les gestes présentés, tout mécaniques soient-ils, sont animés par une humanité évidente. La musique immersive enrobe cet univers sombre qui s'avère comme le programme de la soirée l'annonce, soit une gestuelle puissante, articulée et incisive, sur une musique percussive. Peut-on survivre aux orages de notre vie ? La réponse de Crystal Pite mérite d'être vue et surtout appréciée.

Autre pause, un peu longue, je le concède, compte-tenu de l'heure. Mais tout le public prend, enfin, place et le rideau se lève sur le début de la troisième partie de la soirée, "Stop-Motion" de Sol Leon et Paul Lightfoot. Nous est présenté tout en haut de la scène à droite, la projection d'un portrait d'une jeune fille qui change et qui bouge. Sept ou huit personnages, j'ai perdu le compte, viendront évoluer pour nous présenter une histoire, j'en suis convaincu, même si cette histoire, je ne la saisie pas parfaitement. Cela ne diminue pas, pour autant, mon plaisir. D'autre part, cette musique de Max Richter, me séduit totalement et élève ma réceptivité aux mouvements d'une façon exponentielle. Il est tard, mais le temps ne compte plus durant cette oeuvre dont la poésie est aussi présente que la poussière soulevée, au sens propre, par les interprètes.



Je reviens un peu fatigué, mais surtout comblé de cette grande rencontre qui m'aura permis d'apprécier des interprètes de haut niveau qui de ma première rangée, j'aurai aussi apprécié les efforts déployés.

mardi 1 novembre 2016

Sur mes pas au cinéma:Tout à fait ébranlé par "Moi Nojoom, 10 ans, divorcée"

Au lendemain de mon visionnement de la comédie "La vache", mes pas m'ont ramené dans le même cinéma, dans la même salle et sur le même siège. Cette fois, le sujet était tout autre et était surtout beaucoup plus grave, à l'opposé du spectre. C'était pour découvrir l'histoire vraie et très troublante de cette petite fille, Nojoom au Yémen, mis sur grand écran par Khadija Al-Salami, elle même Yéménite et qui a vécu le même genre de situation.



Le tout commence rapidement lorsqu'on voit une petite fille (magnifique Reham Mohammed) fuir un homme qui la pourchasse et se rendre dans une cour de justice. Malgré que les procédures ne lui sont pas très claires, elle réussit à faire valoir sa cause auprès d'un juge. Ainsi donc, rapidement au dévoilement de son histoire, nous nous faisons notre idée et notre jugement est prêt à être entendu.

Mais, arrive le moment durant lequel nous est proposé une perspective autre et ce jugement que nous nous sommes faits se nuance quelque peu. Cette partie du film donne un sens fort et très particulier au verbe survivre qui est aussi la motivation de la réalisatrice, comme elle le déclarait en entrevue, pour combattre les méfaits de l'ignorance et des traditions dans son pays.

http://www.lapresse.ca/le-soleil/arts/cinema/201610/13/01-5030092-le-mariage-force-de-fillettes-un-viol-encourage-selon-khadija-al-salami.php

Dans ce coin du monde (le Yémen), où la tradition, la religion et la non scolarisation sont des ingrédients qui produisent des situations de vie incompréhensibles et inacceptables pour nous occidentaux, telle que le mariage d'une jeune fille de 10 ans à un homme de vingt ans plus âgé.

Toute cette histoire est présentée sur fond de paysages arides et montagneux qui se doivent être vus sur grand écran. Si on doit quand même avouer que ce n'est pas la qualité du jeu des interprètes, l'authenticité qui s'en dégage enrobe fort adéquatement cette histoire.

À la fin de la projection, je suis resté assis longtemps, le plus longtemps possible avant la prochaine projection dans cette salle. Par la suite, j'en suis sorti "réviolté", (le mot est de moi et traduit au mieux, comme je me suis senti). Cette sensation ne m'a pas quitté plusieurs heures après et le fait d'être père de deux filles, en explique une partie. Me voici rendu capable d'aligner les mots et surtout de vous inviter à vous y rendre, parce que le combat de la réalisatrice, il faut l'appuyer et voir son film est le minimum raisonnable.