vendredi 30 décembre 2016

Sur mes pas au cinéma: "Médecin de campagne" humain et émouvant

Juste avant de me diriger vers les nombreuses oeuvres "oscarisables", mes pas m'ont amené vers une oeuvre proche de ce que je suis rendu, soit en fin de carrière. Jean-Pierre est un médecin de campagne, médecin comme il est difficile, sinon impossible, de comprendre le quotidien ici au Québec. Il est celui, dans son coin de pays, que tous connaissent et son verdict fait foi de parole d'Évangile. Il fait ses visites en début de journée dans la campagne environnante et reçoit dans son cabinet, par la suite. Il est de la vieille école et là, je dois avouer que je me suis reconnu en lui. Pourquoi informatiser ses dossiers quand son système les retrouve presqu'aussi vite ? Mais Jean-Pierre (tellement bien interprété par François Cluzet) est humain et la maladie a prise sur lui. Il a besoin d'aide et cette aids'incarne par l'arrivée de Nathalie (superbe et convaincante Marianne Denicourt), une collègue fraîchement diplômée. Maître des cantons, comment réagira-t-il ? C'est que nous aurons la chance de découvrir dans cette histoire sur fond de personnages du terroir, de magnifiques paysages et sur fond musical fort efficace.



Dans cette seule petite salle du Cinéma Beaubien, loin des espaces intergalactiques, j'ai été ému et surtout interpellé par les choix que nous devrons, un jour ou l'autre, faire. François Litli nous propose une oeuvre dont l'humanité se dégage sobrement, mais efficacement.

vendredi 23 décembre 2016

Sur mes pas au théâtre: "Nous habiterons Détroit", métaphore du monde d'aujourd'hui ?

En entrée de jeu, je serais tenté de prévenir les lecteurs de ce texte que je ne suis pas un grand connaisseur des figures de style, donc le terme métaphore pourrait ne pas être le bon, ni le meilleur pour décrire en un mot, la pièce "Nous habiterons Detroit" de Sarah Berthiaume présentée par la troupe de théâtre de l'Université de Montréal, avec la mise en scène de Emilie Jobin. Je dois indiquer cependant qu'avec les évènements tragiques des derniers mois en Europe, cette pièce me semblait une belle illustration des conséquences du déplacement forcé de populations. Et que cette pièce soit portée par des jeunes me semble une prise de position optimiste pour l'avenir.

                             

Si vous connaissez comme moi les déboires financières de la ville de Détroit, avec des quartiers entiers complètement dévastes et désertés, peut-être que la cause de cette situation vous est moins connue. Avec les premiers tableaux, nous arrivons à comprendre que de nombreux américains de race noire sont partis du Sud, fuyant le racisme et l'esclavage, pour tenter d'avoir une vie meilleure dans le nord du pays. Cette main d'oeuvre a été acceuillie comme une bénédiction par les usines en pleine expansion dans la ville de Détroit. Qui dit main d'oeuvre en usine, dit population dans des quartiers et pour la population blanche, inconfort face à l'arrivée de gens différents. Et l'inconfort se traduit par départ de la ville centre et période de détresse financière. Et quand les grands mécanismes financiers se mettent en marche et que les usines ferment, c'est la catastrophe et la pauvreté galopante suivies par la faillite d'une ville autrefois fort prospère. Faillite financière qui s'accompagne d'une faillite humaine accompagnée par de la violence et du désespoir.

Mais ne voilà tu pas que nous découvrons sur scène, des jeunes qui y arrivent par accident, constatent l'état des lieux et qui prennent position, "Nous habiterons Détroit". Et pour ceux qui pensent que cette pièce est de la pure fiction, doit-on leur rappeller qu'effectivement Détroit se relève et se réhumanise et des images fort éloquentes de cela a pu être vu dans le beau documentaire "Demain" de Mélanie Laurent et Cyril Dion (présenté sur nos écrans de nombreuses semaines plus tôt cette année).

Les dix interprètes, d'origines très différentes, (Paloma Arcos, Dominique Denoncourt, Fanny Giguère, Verena Hartleitner, Leïla Hizaoui, Ombeline Labaune, Antoine Lomba, Yasmine Mahjoubi, Laurent Sabaye et Antoine Vaillant), sont manifestement inspirés par le propos du texte de Sarah Berthiaume. Ils livrent une prestation qui, en entrée de jeu, a tout d'une chorégraphie fort en déplacement de chaises. Par la suite, les tableaux se succèdent à bon rythme, nous transportant d'un lieu à l'autre et ils franchissent le quatrième mur pour "menacer" les spectateurs ou leur apporter une marque d'espoir.

Au final, ce que le feuillet de la soirée présentait comme un "poème théâtral en hommage à une ville déchue qui renait tranquillement" peut s'avérer une illustration de ce qui se passe dans le monde actuellement. De ces populations fuyant la violence et les menaces et qui viennent chez nous, saurons nous, nous éviter un autre Détroit planétaire?

jeudi 22 décembre 2016

Sur mes pas en danse: Mon bilan de fin de saison

Certains se prononcent sur un bilan de fin d'année, pour ma part, je m'en tiendrai à un bilan de fin de saison, quoique de définir un début de saison peut être assez difficile. En effet, une fois le FTA et le Fringe terminés, pour peu que l'on soit attentif, il est possible de faire de belles découvertes dans les parcs et autres lieux publics, je peux en témoigner personnellement. Par la suite, l'été encore bien présent, la Zone Homa et le Festival Quartiers Danses font le pont avec la saison régulière. Je serais tenté de dire que les pas de danse ne prennent pas de vacances, tout comme le spectateur que je suis. Pour cet exercice de bilan de fin de saison et qui correspond au premier anniversaire de ce blogue, je débuterai ma période d'observation avec les oeuvres présentées avec la Zone Homa jusqu'à maintenant.

Au total, c'est vers une trentaine de programmes et un peu "pas mal plus" d'oeuvres que mes pas m'ont amené durant cette période et en entrée de jeu, je dois indiquer que les déceptions ont été très peu nombreuses, sinon inexistantes. Des propositions de Danse-Danse jusqu'à celles d'une Passerelle de l'UQAM, j'y ai trouvé de quoi rassasier mon appétit d'amateur de danse et certaines méritent que j'y revienne brièvement. Je dois ajouter le triste constat que beaucoup d'autres oeuvres prometteuses, j'ai raté !!! Trève de regret, voilà donc mon "top" 5 de la saison.

En cinquième position: "Moi, petite Malgache-Chinoise" de Claudia Chan Tak au MAI. De ce début de présentation sur petit écran d'un épisode familial, accompagné de ce petit chien mécanique, attentif et immobile jusqu'à l'investissement de la scène de tous ces peits chiens mécaniques en conclusion, j'ai pu avoir accès à l'intime de cet artiste et ce qui a fait d'elle une artiste polyvalente et surprenante. Une oeuvre intimiste qui ouvre la fenêtre pour présenter comment les pas sur scène sont le résultat des pas familiaux qui ont fait du chemin autour du globe.

En quatrième position: "À la douleur que j'ai" de Virginie Brunelle à l'Usine C (coprésenté avec l'Agora de la danse). La chorégraphe nous propose un "portrait" de famille, pour le meilleur ou pour le pire. J'avais écrit, "Comment maintenir un sentiment ou une sensation, malgré le passage du temps, voilà ce que j'ai pu voir, décliné sur différents tons et mouvements durant les différents tableaux de cette oeuvre." Une oeuvre brillamment interprétée qui m'a rejoint.

En troisième position: "Stanford" de Natacha Filiatrault présenté dans la Zone Homa. Comme spectateur, j'apprécie que l'on se joue de moi et dans cette oeuvre, cela a été tout à fait réussi. J'en retiens cette phrase que j'avais écrite: "Une soirée, au final, surprenante, mais qui tient ses promesses (et ses 7 étapes) et qui nous fera réfléchir sur notre véritable rôle de spectateur." Et à ce rôle, j'y ai réfléchi longtemps après. 

En deuxième position: "Sehnsucht", "In the event" et "Stop-Motion" de la Nederlands Dans Theater présentés par Danse Danse. Longue soirée avec deux longs entractes, mais qui a comblé les spectateurs présents. Parce que de la grande visite aussi talentueuse, il faut accepter les temps d'attente entre des oeuvres toutes scéniquement différentes, mais toutes aussi captivantes et surtout interprétées par des danseuses et danseurs de très grand talent.

En première position: "Pour" de Daina Ashbee, présenté, en début de saison, par le théâtre La Chapelle. Ce rendez-vous de printemps reporté en était d'autant plus attendu. Vedette montante de la scène chorégraphique montréalaise, Daina traduit en gestes des états d'être touchants qui visent justes et profondément. Impossible, selon moi, de rester indifférent. Mon gros coup de coeur de la saison.

Au pied de ce classement, tout proche et parce qu'il faut choisir, "La Loba" d'Aurélie Pedron présentée par Danse-Cité. Se déplacer dans un lieu différent et découvrir différemeent et en toute intimité des personnages, voilà ce que j'ai pu faire. La vie demande à faire des choix et ceux que j'ai fait se sont avérés, au final, très satisfaisants. 

Et pour l'ensemble de mes sorties chez Tangente, une mention spéciale parce qu'il faut proposer pour eux et découvrir pour nous. Impossible de ne pas trouver son compte après une soirée, soit pour les aspects visuels ou intellectuels des oeuvres présentées. Toujours audacieuses et souvent très différents, les propositions de ce laboratoire de mouvements contemporains méritent toujours le déplacement.

Maintenant, voilà venu le temps de faire la pause de fin d'année et de garnir son agenda pour la prochaine saison et j'y travaille. Je suis aussi très curieux de découvrir ce que l'immeuble Wilder avec Tangente et l'Agora de la danse nous proposeront. Le Père Noël met ses cadeaux sous l'arbre, le 24 décembre, les programmateurs de ces diffuseurs le feront un peu plus tard, soyons patients et "rechargeons les batteries" pour être prêt !


mardi 20 décembre 2016

Sur mes pas en danse: " La pudeur (affirmée) des icebergs"

En entrée de jeu, je me permettrai de dériver comme le font si bien les icebergs qui sont laissés libres dans un océan aux courants changeants. Ces blocs de glace abandonnés par leur glacier peuvent dériver seuls ou rentrer en contact dans leur progression dans les eaux plus chaudes. Il ne faut pas oublier que ces icebergs nous présentent qu'une toute petite partie de ce qu'ils sont. Tout pudique et froid, soient-ils, ils laissent à notre imagination, la plus grande partie d'eux-mêmes, immergés sous l'eau.

Il semble que Daniel Léveillé a trouvé avec ces "êtres de glace", une source riche d'inspiration et que le spectateur attentif et audacieux peut apprécier. L'univers de ce chorégraphe que j'apprivoise peu à peu et que j'apprécie de plus en plus dans les détails des physionomies et la force des mouvements montrés, mais surtout par la place qu'il me laisse pour interpréter. Comment le décrire en quelques phrases sans dénaturer l'essence des différents tableaux ? Selon moi, il faut le faire sans fioritures pour tenter de bien apprécier les gestes qui exigent beaucoup aux interprètes, les regards appuyés de l'un vers l'autre en pleine action ou leur complète indifférence. Il y a aussi ces gestes suivis d'une position immobile et ces duos effrénés dans lesquels l'un va et vient, indifférent à l'effort de l'autre, mais que nous, ressentons fortement. Les corps sont nus, mais nous font obstacle à leur intérieur et leurs sentiments. Il arrive souvent que ce regard froid et indifférent (sur cet aspect, Esther Gaudette était particulièrement efficace), dirigé tout droit vers moi (en première rangée) comme pour me défier, me troublait.

                                          Photo: Jacques Grenier

Sur cette scène sans accessoires, les corps se présenteront à nous, évolueront, s'entrechoqueront et partiront sans crier gare. Nous, pour en apprécier les nuances, devrons rester attentifs aux détails, même lorsque ses corps heurtent fortement le sol produisant une onde de choc qui se répercute dans toute la salle. Peut-être aussi pourons-nous prendre conscience de la trame musicale classique qui interviens, à propos ou non.

L'univers de Daniel Léveillé est particulier, en apparence austère, mais pour peu que le regard du spectateur s'affine (ce que le mien devient après quatre fois), cela lui permettra des découvertes qui pourront l'interpeller sur sa propre nature. Sur scène, Frédéric Boivin et Mathieu Campeau présents à la création en 2004 ainsi que Esther Gaudette, Justin Gionet, Emmanuel Proulx et Simon Renaud rendent fort justement les mouvements fort exigeants du chorégraphe.

Daniel Léveillé créé des oeuvres depuis une quinzaine d'années et grâce à des lieux de diffusion "audacieux" (le théâtre La Chapelle, pour l'occasion), les spectateurs qui comme moi arrivent sur le tard, peuvent se mettre "à jour" !


lundi 19 décembre 2016

Sur mes pas en danse: fort différents, cette fois à l'UQAM

Depuis quelques années, je découvre les pas sur scène des étudiants de troisième année du baccalauréat en danse de l'UQAM. Et leurs pas sont toujours différents, variés et très surprenants, à preuve, les derniers mois. Après nous avoir présenté, "Ensemble"  une oeuvre très cérébrale et technologique, en mi-session, "MTL, Mettre le terrain lisse", s'avère tout autre. Chorégraphiée par Todd Lawrence Stone, cette oeuvre s'avère toute différente, très poétique dans une chorégraphie de grand ensemble. Et pour moi, elle le sera vraiment à plusieurs niveaux et voilà une des raisons. Premier à entrer dans la salle, "ma première rangée et la deuxième aussi, me sont interdites (par un ruban), tandis que celles tout en haut me sont fortement recommandées. Ainsi donc, dérogeant à mes habitudes fortement ancrées, je me dirige en haut et au milieu, juste à côté de Linda Rabin, pour découvrir ce qui me sera présenté.

                                                       Affiche de Sarah Bronsard

En début de programme, le chorégraphe anglophone faisant l'effort de parler français, se présente (il a dansé pour Trisha Brow) et il met la table à ce qui suivra en nous indiquant que la thématique des niveaux enrobe les tableaux présentés. Les lumières éteintes arrivent en roulant par terre, la vingtaine d'interprètes jusqu'à ce qu'ils prennent possession de toute la scène. Il s'en suivra de beaux mouvements de corps, surtout par groupes de trois ou quatre et ces mouvements jaillisaient fort bien synchronisés. De ces moments, j'en retiens que de ce conseil de voir cela de tout en haut a été fort pertinent et que de ce groupe de jeunes interprètes, une douceur poétique émanait et elle appaisait le spectateur que je suis. Dans le titre, il y a "Mettre le terrain lisse" et c'est exactement ce qu'a produit cette oeuvre à mon état d'esprit intérieur en ce début d'hiver. Bravo et merci à vous, Ornella Anquez, Myriam Arsenault, Mélanie Boisliveau, Isabelle Boudreau, Stéphanie Boulay, Nancy Boyer, Tanya Dolbec, Maïté Fournel, Laurence Gratton, Christine Heyraud, Alexandra Kelly, Kim Lacoste, Julie Lédée, Sabrika Leduc, Juliette Le Foll, Charles-Alexandre Lévesque, Judith Messier, Marilou Morin, Emilie-Claude St-Amour Maillé et Natasha Woytiuk.

Arrivé tôt, comme à mes bonnes habitudes, j'ai été fort bien accueilli et guidé (merci Chloé !) jusqu'à une installation interactive réalisée par Armando Menicacci (créateur de la pièce "Ensemble, présentée en début de texte) et Marc-André Cossette. D'abord en duo et ensuite seul, mes déplacements devant un écran et des capteurs ont produit de belles formes tout en traits blancs projetées. Toujours bien intéressant de découvrir comment mon corps peut donner vie à quelque chose de beau et d'inattendu. Voilà définitivement une installation "grand public" qu'il faut proposer aux organisateurs du FTA.

dimanche 18 décembre 2016

Sur mes pas en danse: Belle rencontre avec "Moi, petite Malgache-Chinoise"

Prévu pour être à l'affiche deux soirs au MAI (Montréal, arts interculturels), "voilà tu pas" qu'une supplémentaire de "Moi, petite Malgache-chinoise" est annoncée et la possibilité pour moi d'aller faire meilleure connaissance de Claudia Chan Tak se présente. Mes pas, pour une première fois, se dirigent donc vers ce lieu de diffusion pour assister à une proposition en saison régulière. Nous annonçant une oeuvre auto-biographique, c'est effectivement que nous offre la créatrice "femme orchestre" en nous entraînant à sa suite, au propre comme au figuré sur les pas de ses origines familiales.

                                         Photo: Nans Bortuzzo

De cette rencontre fort bien réussie, j'en retiens trois grandes étapes, illustrées par des mouvements fort éloquents, qui semblent correspondre avec ses origines chinoises par son grand-père (chassé par la guerre), malgache par son père et québécoise pour elle-même. Les différents tableaux, à l'image de l'interprète, sont multi-disciplinaires, utilisant la vidéo, les photos et la danse. Claudia Chan Tak a su parfaitement présenter les influences qui font d'elle, une femme unique, malgré ce "tag", "Made in China" par son grand-père. Pour nous le démontrer, j'en retiens surtout trois aspects. Il y a son intérêt, sinon sa fascination pour les petits animaux qui se multiplient. Aussi, celui pour les arts martiaux qui colorera ses mouvements de danseuse. Enfin, et c'est pour moi, le tableau le plus fort, cette "trainée sans fin" que nous verrons apparaître. Elle est, de son propre aveu, le résultat d'une suite d'influences héréditaires et culturelles et de cette longue traîne de tissus qui n'en finit plus, impossible de le nier, alors aussi bien l'assumer.

"Moi, petite Malgache-Chinoise" sera pour moi et certainement pour les autres spectateurs, une rencontre déterminante avec une jeune créatrice dont le regard et le sourire n'ont d'égal que la capacité à nous surprendre avec la diversité des moyens qu'elle utilise.

lundi 5 décembre 2016

Sur mes pas en danse; À la rencontre de Dorrance Dance

Semaine de deux sorties danse en harmonie que celle que je viens de vivre. Il y avait eu une belle et surprenante soirée de danses urbaines grâce à Tangente, mais juste avant, Danse Danse m'avait convié à découvrir l'univers du tap dance (ou danse à claquette) avec des guides venant de New York, soit les interprètes de la Dorrance Dance, sous la direction artistique de Michele Dorrance et Nicholas van Young. Je dois avouer qu'il y a une semaine à peine, le breakdance me semblait débridé et sans contenu et le tap dance me semblait un style de danse "coincé", sinon figé. Et pourtant !!!!

                               Photo tirée du site de Danse Danse

Les portes de la salle, à peine fermées, que de là-haut derrière, une partie de la foule enthousiaste et sûrement jeune, plus turbulente que d'habitude, faisait des siennes. Rien pour gâcher le moment, mais juste assez pour augurer les moments surprenants à venir avec "ETM: Double Down". Et les moments à venir le furent, surprenants, mais surtout captivants. De tap-dance, il sera question, et aussi de breakdance, mais surtout de ces pas qui résonnent, mais qui se font créateurs de sonorité, comme des doigts sur un clavier. Des pas qui s'expriment aussi vite que les battements des ailes d'un papillon. Durant les différents tableaux de la première partie, nous avons pu y découvrir des interprètes qui s'exprimaient, tel un ensemble musical avec des solos. La deuxième partie, après une introduction toute vocale, nous entraînait dans un monde plus urbain, dans lequel l'esprit de groupe rejaillissait nettement et le plaisir de danser ensemble dans la rue se transmettait dans la salle avec les regards et les sourires des différents interprètes. S'il était évident que chacun des interprètes maitrîsait son art, il en reste qu'il était difficile de ne pas être captivé par ce grand danseur (Warren Craft à l'extrême droite de la photo), à l'allure diglinguée, qui dansait loin des standards du tap dance.

Il serait impossible de ne pas mentionner l'utilisation des accessoires, dont ces "boîtes de bois" amenés sur scène et qui produisent tout autant des effets sonores que visuels et cela dès les premiers pas de la soirée. De ces pas qui se posent sur là, duquel remonte des sensations sonores et du plaisir pour le spectateur. Il y aura aussi l'utilisation des instruments musicaux qui parfois se jouent de nous avec un échantillonneur. Une soirée réussie qui montre que les territoires en danse sont faits de frontières franchissables, mais surtout redéfinissables.


dimanche 4 décembre 2016

Sur mes pas en danse: "Forces vitales" quand la "street" vient en salle et que c'est wow !

Je serai honnête, la dernière proposition de "danse urbaine" de Tangente, "hors de son prochain domicile" ne m'attirait pas vraiment. Les danses urbaines, telles que le breakdance, le hip-hop, le popping, le waacking ou le krump, résonnent peu pour moi, avec cette musique qui, elle ne me rejoint pas du tout. "Pas pantoute", je serais tenté d'ajouter. Mais à Tangente, je fais confiance et d'autant plus que je voulais y être, de cette dernière "hors les murs". Pour vous qui me lisez, voyez-y une illustration d'un être de contradictions, moi, qui me fais l'ennemi acharné des symboles. Au final, je dois l'avouer, "une chance que j'y étais !" Parce que, les idées préconçues méritent le risque qu'on les confrontent.

                                         Greg "Krypto" Selinger par Aurore B sur le site du Devoir

Assis donc sur un des sièges pas trop confortables (dont je ne m'ennuierai pas) du sympathique Studio Hydro-Québec du Monument-National (dont je m'ennuierai "pas mal plus" de son personnel accueillant et souriant, de la billetterie au préposé de la salle, en passant par l'accueil), les lumières s'éteignent et la soirée commence. Six oeuvres, plus ou moins courtes, trois de Greg "Krypto" Selinger et une de Daniel "Wook" Jun et une de Abdel-Hanine "Abnormal" Madini et enfin un duo des deux derniers. Six oeuvres qui nous seront présentées à la suite sans accompagnement scénique, sauf l'éclairage. Six oeuvres qui me feront faire un cent quatre-vingt degrés sur ma perception du vacuum des propos chorégraphiques que j'imaginais à propos de ce type de danse.

En entrée de jeu, se présente Greg Selinger, sans musique et s'accompagnant seulement de sa voix portant les mots de Terrance McKenna, sans oublier son sourire, "breakdanse" son propos. Un cinq minutes, qui a tout de l'introduction surprenante pour moi qui m'attendais à des prouesses sur musique tonitruante. Un cinq minutes qui tiennent de l'exception, je me suis dit, mais j'avais tout faux. Parce que la deuxième partie, sera semblable, mais avec des mouvements qui me laisseront pantois d'admiration. La prestation me semble aussi exigeante pour l'interprète qui doit s'exprimer autant en gestes "acrobatiques" qu'en paroles (avec ses propres textes portant sur la pieuvre) que pour le spectateur qui doit partager son attention. Je dois avouer que malgré la fatigue accumulée d'une semaine bien remplie, ce qui m'était présenté m'a gardé intéressé.

S'en est suivi les prestations des deux autres interprètes qui, jouant ou se jouant des cercles lumineux qui apparaissaient et qui disparaissaient, se déplaçaient tout s'animant de gestes de popping qui illustraient un propos fort compréhensible et surtout touchant. Loin des univers de la loi du plus fort et de la compétition de territoire, ces deux interprètes nous interpellaient droit au coeur. Ce qui fût aussi à l'image des trois dernières oeuvres de la soirée.

Au final, le spectateur que je suis a été impressionné par cet amalgame de paroles et de prouesses gestuelles de "Krypto", des mouvements tout autant saccadés que touchant de "Abnormal" et aussi de l'apparent stoicisme de "Wook" qui laisse les gestes s'exprimer pleinement.

Du streetdanse, pour une majorité de spectateurs présents manifestement déjà amateurs de ce type de danse et qui a converti les autres, dont moi.

C'est donc avec les beaux souvenirs de cette dernière soirée que mes pas m'ont ramené à la maison et faisant mienne la recommandation de Mélanie Carpentier dans sa critique de la soirée dans le Devoir, soit, "Improvisateurs de talent en pleine maîtrise de leurs vocabulaires respectifs, Selinger, Jun et Madini, sont des artistes urbains à suivre de très près.". Pour lire ce qui précédait, je vous invite à aller sur le site de ce quotidien. 

http://www.ledevoir.com/culture/danse/486213/critique-danse-sept-mouvements-avant-la-fin-du-monde