dimanche 12 mars 2017

Sur mes pas en danse: à un "Family Dinner"

L'invitation de l'Agora de la danse ne manquait pas d'attrait pour l'amateur de danse que je suis. Soit de participer à un souper de famille, avec des membres de ma grande famille de la danse, souper préparé par Justine A. Chambers (chorégraphe de Vancouver) et accompagné par six interprètes dont la majorité m'étaient bien connue (Claudia Fancello, Marie-Claire Forté, Adam Kinner, Alanna Kraaijeveld, Jean-Benoit Labrecque-Gilbert et Katie Ward) et Karine Denault qui avait aussi effectué la préparation culinaire. Parce que c'est d'un vrai souper dont il sera question ici, mais pas seulement. Parce que, peut-être n'en avez-vous pas tout à fait conscience, mais manger seul ou avec d'autres, implique des gestes, des mouvements, des rituels, dont la plupart, vous le conviendrez sont souvent inconscients à ceux qui les font. Mais votre voisin devant lui, les voit-ils ? La chorégraphe s'est donc donnée la mission d'en faire un lexique (The Lexicon) et pour ce faire, elle doit récolter les gestes et voilà donc pourquoi, quarante personnes (dix pour chacun des souper) se sacrifient (!) pour la bonne cause et moi, une celles là. Rassurez-vous, le spectateur que je suis, referait "tout de suite" les mêmes pas pour participer de nouveau à ce type de souper.

Je vous sens bien curieux d'en savoir sur les deux étapes de cette constitution de ce lexique. Par conséquent, je ne vous pas languir plus longtemps.

Vous me permettrez de vous guider un peu à l'aveuglette. Un peu de surprise et de dépaysement peuvent agrémenter le quotidien, que l'autre disait ! Donc, suivez mes pas qui m'amènent vers le Wilder dans le Quartier des spectacles. Une fois l'ascenceur pris, j'arrive au lieu de rencontre dans lequel, se retrouve déjà quelques personnes. Une personne vient vers moi et prend charge de mon manteau. Quelques instants plus tard, il m'offre un verre de vin, offre qui, évidemment, est acceptée. Je ne vais pas à un souper ordinaire, je suis donc un peu sur mes gardes, mais avec un verre de vin à la main, la garde s'abaisse quelque peu.

Donc, verre de vin à la main, plusieurs autres participants, interprètes comme spectateurs, viennent se présenter à moi et avec cela, les tentatives de détermination de lieux communs. Exercice parfois difficile (pour ma mémoire souvent défaillante !!), mais au final très enrichissant. Arrive le moment de nous diriger vers l'endroit où sera servi le souper et moi, ma place à la table. Je suis dirigé par Jean-Benoit qui sera assis devant moi avec une mission qui ne me sera connue qu'à la toute fin du repas. Pas question, donc, de le l'indiquer maintenant, même si je vous rappelle que la récolte des gestes est au programme. Mais moi, aussi bien entouré, pendant le repas, je l'avais oublié. Ainsi donc, le souper nous est servi et il s'avère tout à fait délicieux. Les échanges avec les convives autour s'avèrent tout autant enrichissants. Par conséquent, toute réserve est absente et les gestes naturels, mûrs pour être cueillis. Arrive le moment du dessert et toute bonne chose ayant une fin, aussi celui du départ. Après les salutations d'usage, un livre de recettes "Family Dinner" et les remerciements sincères, mes pas me ramènent à la maison. Pendant que le chauffeur d'autobus, me ramène, moi, j'ai le temps de revenir sur ces moments et de tenter de déterminer quels seront mes gestes cueillis sur cette façade, rue de Bleury. La réponse me sera donnée quelques jours plus tard, pour la deuxième partie, soit "Family Dinner: The Lexicon".



Pour cette partie, je suis assis, à mes aises, dans un siège dans les gradins face à une table où viendront s'assoir, face à nous, les six interprètes, prèts à prendre leur repas qui les attend. Le changement de perspective, d'observé à observateur, est fort éclairant. Il me fait remonter un très vieux souvenir que je me permets de partager. Adolescent, j'ai été invité pour une première fois par une copine à un souper avec ses parents. Sur le menu, oh non !, une soupe à l'oignon gratinée (celle avec du fromage qui s'étire sans fin, sans jamais se rompre !). Ainsi donc, devant moi, cette soupe tellement bonne, mais pas du tout collaborative, que je dois apprivoiser avec de multiples tournoiements avant de la consommer. J'imagine aujourd'hui, "la beauté" de mes gestes !!!! pour ceux qui avaient la chance de m'observer. La suite n'a pas de lien, mais cela a été le seul repas avec elle et ses parents. Le premier tableau a le même effet sur certains spectateurs qui pouffent de rire. Ainsi donc, j'en suis convaincu et je me promets de le vérifier dans l'avenir, les gestes faits dans un repas méritent que l'on s'y attardent et vous chers membres de ma famille de la danse, vous me l'avez confirmé en ce samedi. De ce rituel de début de repas, de cette façon inconsciente que nous avons de prendre nos aliments, relaxe ou effrénée, de porter fort lentement ou rapidement à notre bouche l'objet de notre désir, de comprendre aussi que sous la table et aussi que les gestes sont présents à défaut d'être facile à observer. À vous six, vous m'avez permis de prendre conscience que le repas est un moment durant lesquels nos gestes illustrent ce que nous sommes et que, sans surprise, nous ne sommes pas les seuls à utiliser.

La danse contemporaine est un territoire vaste et souvent surprenant, pour peu que l'on s'y aventure et des artistes portent un éclairage intéressant et surprenant sur des aspects quotidiens de nos vies. Je me rappelle encore de la construction d'une chorégraphie à partir des gestes dans une cuisine qui m'avait été présenté par Estelle Clareton lors d'une soirée "Vues sur la relève".

L'expérience est terminée et vous me demanderez certainement, as-tu reconnu certains de tes gestes et par conséquent, lesquels ont enrichi ce Lexicon ? Je serai bien honnête et, malgré que j'ai observé attentivement, tous les gestes montrés, même les plus élégants (!), je dois avouer que non. Et pourtant, pourrais peut-être répondre la chorégraphe et ses acolytes ! J'en resterai donc avec une interrogation triste, mais tout à l'inverse du plaisir de ses moments et de ses gestes partagés.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire